Radio “ARA”

Quelques mots sur vous-même.

« Je suis venue au Luxembourg après ce qu’on appelle « la troisième étape »
(celle, finale) de l’Union soviétique et de l’économie soviétique.
Beaucoup de gens se souviennent de l’Union soviétique de cette époque.
Ce fut l’étape entre les gouvernements de Khrouchtchev et de Gorbatchev, jusqu’à
l’année 1991.
Selon les critiques occidentaux, c’était le concept de «la restauration du capitalisme»,
quand il y avait une pénurie de marchandises, quand des gens riches pensaient
pouvoir tout se permettre, quand les frontières s’ouvraient. Après un certain temps,
lorsque les frontières se sont ouvertes plus largement, pas seulement aux pays
socialistes, mais aussi aux pays capitalistes, je suis venue au Luxembourg.
Mes deux filles sont nées ici, et elles sont en train de terminer leurs études
universitaires avec succès et j’en suis très fière.
Je donne des cours «Le russe comme langue étrangère» dans les communes de
Luxembourg et Walferdange. Bien sûr, beaucoup de choses ont changé au fil des ans

  • mes opinions aussi.
    En utilisant de nouvelles méthodes et des techniques innovantes, avec des essais et
    erreurs, je suis sûre que je suis capable, maintenant, de transmettre la logique et la
    philosophie d’un texte russe aux européens de n’importe quel âge – autant aux jeunes
    qu’aux plus âgés».

Mes Inspiration sur mon livre « Le vent propice »

Pendant ma scolarité, j’aimais concevoir des journaux à afficher, écrire des essais sur
divers sujets et je me débrouillais bien. Pendant mes études universitaires, j’aimais
l’éducation politique, nous cherchions des informations intéressantes, les traitions et
les proposions à des auditeurs de différentes facultés.
Quant à mon livre « Le vent propice » que j’ai publié en 2014, c’est une autre histoire !
On peut dire que j’ai échoué sur certains aspects. J’ai, par contre, reçu une
approbation globale sur cet ouvrage.

Il contient sept histoires sur des sujets différents. Avec chaque sujet, il s’agit d’une
idée de l’amour, que ce soit celui pour un métier, pour un enfant, pour un mari ou pour
la patrie.
Mes ouvrages sont bilingues. Et, bien sûr, une attention particulière a été portée à la
traduction. Je parle ici des subtilités et des difficultés de la transcription, car il est très
difficile de transmettre le sens et l’ambiance d’une histoire russe au public européen.
Si des lectrices ou des lecteurs sont intéressés, mon livre est disponible dans les
bibliothèques municipales ou acheté à la librairie Ernster.

Racontez-nous sur parcours créatif de votre livre.

La célèbre écrivaine anglaise Agatha Christie a dit : « Vous ne pouvez pas devenir
une dame si vous n’êtes pas née dans la famille d’une dame. » Je commence mon
récit par cette phrase, car elle correspond à mon travail.
Ce que j’ai écrit tente de restituer, au mieux, des images qui plaisent aux lecteurs
occidentaux et, bien sûr, à mes élèves auxquels j’enseigne le russe.
Mes illusions au sujet de la vie occidentale et mes contradictions lorsque je vivais en
Union soviétique ont abouti à plusieurs images artistiques.
Lorsque j’écrivais ces histoires et les ai relues au fil du temps, j’ai senti que mon
opinion changeait et que mon attitude envers ce qui se passait avait également
évolué.
Sans une traduction subtile et correcte, le sens de mes tentatives de description de
l’amour – que j’ai exprimé tel que je l’imaginais – ne serait pas clair pour des lecteurs
Occidentaux.
Par conséquent, j’ai accordé une attention particulière à la traduction et j’ai éludé une
chose qui me semble la plus importante dans mon travail – la transmission correcte
des faits historiques.
Dans mon cas, lorsque j’écrivais mon livre, je ne réalisais pas pleinement que
lorsqu’une personne laisse filer son inspiration, spécialement pour le public européen
(par exemple, mes étudiants), il est très important de ne pas fausser le cours des
événements. Bien que mes histoires soient fictives, les gens croient toujours qu’elles
se sont réellement passées, car je viens de l’Union soviétique et je connais mieux le
cours des événements.

J’ai changé certains faits, ce que j’admets avec difficulté.
Par exemple, dans mon premier ouvrage, qui s’intitule « Alexander Petrovitch », j’ai
décrit ma vision des événements de Tchernobyl : il (mon personnage) a été l’un des
derniers liquidateurs à avoir vu l’horreur de l’accident nucléaire et par la suite a reçu
l’insigne d’un liquidateur et 300 roubles.
Mais ce n’était pas le cas.
Les gens sont allés sauver l’humanité, ils ont risqué leur vie. Je me suis trompé à
propos du fait que la société soviétique a craché sur les victimes de Tchernobyl, ne
leur jetant que 300 roubles.

L’État n’a pas oublié les liquidateurs, car après la catastrophe de Tchernobyl, les
victimes avaient un maximum de privilèges partout. Encore aujourd’hui, pour entrer à
l’université, les gens font un permis de séjour à Tchernobyl.
J’ai essayé de toucher des sujets qui m’intéressaient et des sujets problématiques
pour une personne russe. Il s’agissait de mes pensées artistiques, mais au moment
où je les ai écrites, je ne comprenais pas la « part immergée des icebergs » et j’ai
donc subit une tempête de critiques négatives de la part des habitants de la ville de
Bryansk, qui ont été parmi les premiers liquidateurs de cet accident.
En même temps, j’essayais de montrer ma sympathie pour le public occidental. J’ai
tenu à transmettre mes sentiments et l’esprit de l’époque dans laquelle je vivais, les
pensées qui me visitaient à ce moment-là, mes conflits internes. J’espère avoir réussi,
car j’ai reçu de bonnes impressions de la part des lecteurs.
Par exemple, lorsque j’ai écrit l’histoire « Atteindre l’horizon », j’ai raconté une histoire
d’amour pour un métier pour lequel en Union soviétique il y avait toutes les conditions
de le montrer. C’est l’histoire de mon père, qui était chauffeur de taxi. Oui, il était
chauffeur de taxi. Et je me souviens de cette époque avec gratitude.
Mon père, comme d’autres, était fier du système socialiste. Il éprouvait de la
reconnaissance lorsqu’une journée de travail de huit heures commençait. Il éprouvait
le même sentiment pour l’éducation et la médecine gratuites, pour les vacances
annuelles payées, pour le droit à l’emploi après l’obtention du diplôme universitaire,
aussi que pour le droit au logement gratuit. Pour la première fois dans l’histoire de
l’humanité, il n’avait jamais été possible de licencier un employé à l’initiative de
l’administration sans le consentement de l’organisation du parti syndical.
Mon père l’a compris et apprécié, c’était une valeur irremplaçable et cela a bien
fonctionné pour lui ; il a pu faire ses preuves de la meilleure façon dans son travail.
L’amour pour la profession existe probablement dans n’importe quel pays ; en Europe,
ce terme sonne comme le développement de compétences professionnelles, mais
c’est un peu différent. Je veux dire quelle était exactement cette attitude particulière
envers la profession — travailler, en mettant toute son âme dans l’activité
professionnelle — cela n’existait qu’en Union soviétique.
Maintenant, malheureusement, cela n’existe plus.
« La cravate rouge », c’est une histoire sur Katia Lujina. Il s’agit d’une jeune fille qui a
connu un destin tragique en consommant de la drogue. Cette histoire parle de la
beauté, de la lutte pour le meilleur, de la construction du communisme. Maintenant,
j’ai une vision différente de ces choses en ce qui concerne la consommation de
drogue. À l’époque, je pensais que la drogue se trouvait en Union soviétique, mais en
fait, il y avait très peu de drogués en Union soviétique par rapport aux États-Unis vers
l’année 1987.
Sur le marché mondial, aux USA, en 1995, des films qui parlaient de l’attractivité de
la consommation de drogue étaient diffusés. Je parle du film « Pulp Fiction ». Après
la première de ce film, il y a eu une forte augmentation de la consommation de drogue.
Mais en Union soviétique, ce film n’aurait pas passé la censure qui n’aurait pas
seulement eu lieu pour le caractère indésirable ou la pertinence des autorités, mais
également pour des choses qui nuiraient à la société. Par exemple, regarder ce film.
Par conséquent, en Union soviétique, on parlait très peu de drogues et, quant à la
toxicomanie, il n’y avait que des cas isolés.

Ce n’est que plus tard, après les années 1990, que des mesures sévères ont été
prises pour interdire l’alcool et le tabac. Cela a entraîné une augmentation des
toxicomanes chez les jeunes. Le personnage de mon livre, Katia Lujina, s’est avéré
être dans une situation exactement pareille.
Dans l’histoire « les deux vies de Tatiana Zelenina », j’ai voulu décrire les valeurs
chrétiennes sur base desquelles notre peuple a été élevé. Bien sûr, certains
phénomènes religieux étaient interdits, mais toujours mes parents, ma génération ont
grandi sur une base chrétienne et les valeurs soviétiques.
Par exemple, un tel incident : à Bryansk, un endroit près de chez moi, de rares appâts
finlandais pour la pêche ont été vendus. Ce sont des leurres pour poissons. Ils étaient
vendus beaucoup plus chers que le prix normal, et, comme ce produit était nouveau
et intéressant, une file d’attente s’est formée. Puis un vieil homme est venu ; il a
regardé le prix de vente qui était de 6 roubles. Il a frappé le comptoir avec son poing
et a dit que le vendeur était un spéculateur et immédiatement toute la foule s’est
enfuie. Les gens l’ont cru.
Malheureusement, le niveau de compréhension chrétienne tombe et devient faible
pour la jeune génération. D’autres principes idéologiques prennent sa place — des
religions qui acquièrent des formes de plus en plus actives.
Dans l’ouvrage « Les guimauves » j’ai décrit les difficultés de la vie quotidienne. Les
gens vivaient dans des familles nombreuses, dans de petites maisons n’ayant aucune
propriété, aucune entreprise ; néanmoins, les gens se sentaient les maîtres de leur
pays. Même si la vie de chacun s’est développée différemment, on ressentait une
sorte de base solide qui s’appelle « la vie ».

Mon attitude envers l’Union soviétique

Quant à ma relation avec l’Union soviétique et la Russie, bien sûr, dans ma jeunesse,
mes impressions ont été beaucoup plus lumineuses. En pensant à mes souvenirs de
l’Union soviétique, de mon enfance, je suis convaincue que le système soviétique sur
le territoire de la Russie est la forme d’existence la plus acceptable pour le peuple
russe.
Si nous parlons de l’Union soviétique, quelle année devons-nous mentionner ? Parce
que beaucoup de gens se souviennent de l’Union soviétique, qui s’était déjà
effondrée, dans la troisième étape, comme l’ont décrit les critiques en Occident — «la
restauration du capitalisme »
Quand je parle de l’Union soviétique, je suis plus impressionnée par la deuxième
partie de son développement. C’est le concept « d’industrialisation » qui s’achève
avec l’ère stalinienne. C’est à ce point-là que l’économie la plus puissante a été fondée
et l’essor de la science s’y est produit.
Face aux événements actuels qui se déroulent en Russie, en tant qu’ancienne
immigrée de l’Union soviétique, je ne sais pas comment répondre au mieux à cette
question. Il existe une expression qi tombe à point nommé : « il vaut mieux se taire
que trop parler ».
Je me sens comme une personne européenne, je vois la position de la chaîne Russia
Today, et je vois autant la position des médias européens que de celles de russes.

Je ne fais pas non plus d’analyses sur cette question et je ne voudrais pas exprimer
de positions.

Votre parcours créatif, est ce que vous avez prévu de continue votre créativité
littéraire.

J’ai des croquis pour de nouvelles créations, mais, pas assez de temps. Si je trouve
la force et le temps, je les publierai certainement, malgré les possibles défauts.
Mon écriture peut être perçue par certaines personnes (qui ne connaissent pas, par
exemple, l’histoire de L’union soviétique CHF) comme une référence historique. Je
vais essayer de corriger cette erreur dans mes prochains écrits.
Je tiens aussi à mettre en avant mon principal mérite, que j’ai appris, qui me permet
de développer ma créativité. C’est une technique d’apporter, de transférer la fiction,
de la mentalité russe et de la vie quotidienne dans la langue occidentale, pour mes
lecteurs européens.